Voici un texte important qui mérite d'être lue. Bien des gens au Québec et au Canada semble confue sur le sujet de la Nation Québecoise. Je crois que ce texte en apporte la réponse.
Bonne lecture.
Plus qu’une nation
Christian Rioux
Le Devoir - vendredi 15 décembre 2006
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En adoptant récemment une résolution reconnaissant la nation québécoise, le premier ministre Stephen Harper croyait probablement mettre un terme à la discussion. Un vote au Parlement et l’affaire serait réglée. Mais il n’en va pas des nations comme du nom de l’avenue du Parc : il suffit de vouloir s’en débarrasser pour finalement relancer le débat. C’est qu’elles sont teigneuses, les nations ! Quoi de plus sensible et de plus profond que ce qui unit un peuple et fait son identité dans le monde ? Dès que nous quittons le Québec, c’est en effet en tant que Québécois que nous entrons en contact avec le monde.
Les lettres publiées dans ce journal, comme celles que m’ont envoyées plusieurs lecteurs la semaine dernière sur un éventuel référendum écossais advenant l’élection du Scottish National Party à Édimbourg, montrent bien que l’entreprise qui consistait à vouloir en finir avec cette discussion et « passer à autre chose » était vaine.
En réalité, l’élection de Stéphane Dion à la direction du Parti libéral du Canada pourrait contribuer davantage à relancer ce débat que toutes les résolutions du Parlement canadien. On sait en effet que le nouveau chef a toujours rejeté du revers de la main toute tentative de reconnaissance de la nation québécoise, jusqu’à ce qu’il soit récemment pris de court par le geste de Stephen Harper et l’insistance de Michael Ignatieff. C’est alors que l’habile professeur a sorti de sa poche cette idée de « nation sociologique ». Le Québec, dit-il, serait une nation sociologique mais pas politique.
Je me suis demandé comment mes amis écossais réagiraient si on les traitait ainsi de « nation sociologique », eux que la reine d’Angleterre (et donc du Canada) a toujours qualifiés de nation sans le moindre adjectif qualificatif. Eux qui se sont battus pendant des décennies pour retrouver un lieu d’expression justement politique, le Parlement de Holyrood.
On s’étonne d’entendre un ancien universitaire manier les concepts avec autant de légèreté. On ne fera avaler à personne que le Québec, qui a eu un représentant à Londres avant le Canada, qui possède une délégation à Paris avec un statut diplomatique et qui est membre à part entière de l’Organisation internationale de la Francophonie, puisse relever de la simple sociologie. Si la nation québécoise n’était que le lieu d’une organisation sociale et culturelle particulière, on se demanderait alors pourquoi le Québec possède un des plus vieux parlements d’Amérique, lieu par excellence d’expression d’une volonté politique. À quoi servirait en effet ce parlement si nous n’étions qu’une catégorie sociologique comme les femmes, les homosexuels ou les amateurs de bingo, qui, vous l’aurez remarqué, n’ont pas de parlement et n’en ont jamais exigé un ? La Société Saint-Jean-Baptiste suffirait amplement à la tâche.
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Ce débat a finalement du bon en ce qu’il aura forcé tout le monde à prendre position sur un sujet essentiel. Je m’étonne pourtant qu’un argument ait été escamoté. Cela peut paraître prétentieux, mais j’aurais envie de dire que la nation québécoise n’est pas seulement ouverte à tous ceux qui habitent le territoire du Québec, elle est aussi en quelque sorte plus qu’une nation. En effet, le Québec est le seul État dans le monde qui soit garant de la survie d’une civilisation française en Amérique. Au-delà des pays et des gouvernements, le continent américain s’est décliné dans l’histoire sur les modes amérindien, anglo-saxon, hispanique, lusophone et français. Les Français ont créé sur ce continent une façon qui leur est propre d’entrer en contact avec ses habitants, d’y vivre et d’y appréhender le monde.
Or le Québec est à cette Amérique française ce qu’Israël est aux Juifs et à leur héritage, l’Arménie aux Arméniens, le Kurdistan irakien aux Kurdes, l’Irlande aux Irlandais et l’Écosse à l’immense diaspora écossaise. Le Québec est porteur non seulement de sa propre destinée mais aussi d’un héritage historique qui le dépasse. Il traîne derrière lui le poids historique de toutes les communautés françaises d’Amérique qui, nulle part ailleurs, ne jouissent, pour perpétuer leur mémoire, d’un État où elles sont majoritaires. Vous noterez d’ailleurs que les peuples que j’ai mentionnés, qui ne sont pas encore indépendants, sont tous plus ou moins tentés par l’idée. Beaucoup plus, à tout le moins, que les Hongrois de Slovaquie ou les francophones de Belgique, par exemple. C’est qu’ils portent sur leurs épaules une responsabilité historique particulière.
On pourrait dire que le Canada est lui aussi garant de cet héritage. C’est probablement ce qu’ont cru nos ancêtres qui se sont engagés de bonne foi dans la fédération canadienne en 1867. Presque un siècle et demi plus tard, on peut malheureusement imaginer le jour où le Québec ne représentera plus que 20 %, 15 % ou 10 % de la population canadienne. Comme le répète souvent le collègue Jean-François Lisée, les tendances démographiques canadiennes tendent de façon apparemment irréversible à minoriser toujours un peu plus le Québec. Ce que d’aucuns appellent le misérabilisme des Québécois ne vient pas de nulle part. Il est même en quelque sorte inscrit dans la structure du Canada depuis ses débuts.
Lorsque Stéphane Dion s’étonne naïvement qu’un Québécois puisse devenir chef d’un grand parti canadien sans parler parfaitement l’anglais, il oublie que ses ancêtres ne réclamaient pas le droit à un accent mais bien à un pays où la pérennité de cette Amérique française serait assurée.
Les Juifs n’ont pas fondé Israël uniquement pour ceux qui y vivent mais aussi pour tous les Juifs du monde qui savent que, même si un jour ils ne parlent plus hébreu, existera dans l’univers un État dont ce sera la langue officielle et qui sera surtout porteur de cette mémoire. Les Irlandais perçoivent l’Irlande ainsi, comme la patrie d’une gigantesque diaspora et le témoignage d’une culture dont la survie et le développement dépassent de loin le sort de ceux qui y habitent.
Au-delà des débats abstraits, c’est aussi cela, le Québec. On dira que ce n’est qu’affaire de symboles. Mais les nations sont-elles faites d’autre chose ?
Intéressant....Ca ne changera pas le fait qu'il n'y a aucune raison valable pour devoir créer un nouveau pays.
Encore du nationalisme....
Encore du nationalisme....
Je considère le Québec étant une province au sein du Canada tout simplement.
Oui, c'est du nationalisme. Encore, pourquoi est-ce si important pour que le Québec soit reconnu comme une nation? Peu importe ce que Dion ou Harper disent, les journalistes vont toujours essayer de créer de la contreverse.
Aussi, cela démontre que les journalistes Québecois ont une tendance plutôt péquiste.
Define, very simply, what represents "québècois"?
Se sont les héritiers culturels des premier Canadiens.